POINTE SUD DE LA FLORIDE : LES KEYS

POINTE SUD DE LA FLORIDE : LES KEYS (21-01-16)

La pointe sud de la Floride se nomme « les Keys ». Plusieurs centaines de petites iles sont magiquement reliées par la Overseas Highway . Cette route fabuleuse achevée en 1938 serpentent au dessus des eaux, séparant le golf du Mexique et le détroit de Floride sur près de 200 km …. Ah qu’ils sont forts ces américains! Si certaines iles sont marécageuses, un bon nombre d’entre elles sont habitées. Les Keys sont aujourd’hui très prisés si bien que beaucoup d’américains quittent leur Etat pour s’installer sur une ile. Il s’agit aussi de la principale destination touristique de l’est des Etats Unis.

Hélas, un temps maussade et nuageux nous accompagne et nous ne profitons pas de la beauté du paysage. Le bleu turquoise du golf du Mexique et de l’océan Atlantique ne reflète pas vraiment dans ces conditions. Nous longeons le Overseas Railway, une liaison ferroviaire aboutissant sur Key West en reliant les nombreuses îles et îlots de l’archipel par d’audacieux ouvrages d’art. Autrefois considéré comme la 8ème merveille au mode, le chemin de fer fut détruit par l’ouragan de 1935, puis abandonné car trop couteux à reconstruire.  Après avoir passé une nuit sur Big Pine Key, nous reprenons la route et traversons l un des ponts les plus long au monde, le Seven Miles Bridge, (pour les kilomètres, je vous laisse faire le calcul).

Nous arrivons enfin au terminus des Keys, sur l’ile de Key West, la plus célèbre et la plus fréquentée, mais aussi la plus animée et la plus chère. La ville est connue pour être le point extrême du sud des Etats Unis et le terminal sud de la route Nº1.

A notre arrivée un brin de soleil fait son apparition et nous décidons de profiter un peu de la plage….. Mais la déception l’emporte rapidement : on trouve des algues un peu partout aussi bien sur le bord de mer qu’au fond de l’eau. Non ce n’est pas facile de se baigner avec autant d’algues car l eau n est pas très profonde, les enfants eux meme râlent !

Sur la plage se sont installés dans le sable de minuscules petits chapiteaux drapés. On remarque aussi un tapis rouge de bienvenue… et une vingtaine chaises. Cette cérémonie serait elle en notre honneur ? En tout cas Robin ne se gène pas pour s’approcher, comme vous le savez, il n’est pas farouche ! Un joli morceau de violoncelle attire notre attention près de  l un de ces chapiteaux, et celui ci en profite pour faire les yeux doux à la musicienne. Au fur et à mesure arrivent et s’installent des personnes habillées sur le 31, un groupe de blancs pour l’un des chapiteaux et un groupe de noirs pour l’autre….  Ca y est nous avons compris, nous sommes entrain d’assister à une cérémonie de mariage : ici on dit le grand OUI sur la plage, devant l’océan et son coucher de soleil, bien qu’aujourd’hui ce ne soit pas tout à fait le cas……

La cérémonie durera une trentaine de minutes, le temps d’officialiser l’heureux évènement et bien sur de prendre les fameuses  photos. Mais le plus beau des mariage reste celui de Robin et Elsa !

Revenons aux choses sérieuses, ou allons nous dormir cette nuit ? Car sur l’ile, le stationnement de nuit est illégal, et les américains ne rigolent pas avec ça : la loi est la loi, tout le monde doit connaitre et respecter la loi……  Lorsque je demande à un policier, celui ci me répond qu’il faut aller sur une autre ile. Finalement sur les conseils d un voyageur, nous nous réfugions pour la nuit sur un petit parking à l’arrière d’un magasin. Ce sera notre camp de nuit pour la semaine…. Le lendemain, nous faisons un petit tour de l ile en vélo, mais les plages ne sont pas extraordinaires, et le soleil, toujours, joue à cache cache. Nous nous arrêtons à la pointe sud des Etats Unis. Ici, les touristes font la queue pendant une vingtaine de minutes pour se faire photographier devant  le « Southern Most Point ». Curieusement ce monument  n’est pas situé exactement où il devrait être. Le point le plus au sud de l’île est en fait dans un terrain militaire plus à l’ouest et n’est pas accessible au public. De plus la légende sur la borne indique que la côte cubaine est « à 90 miles » selon la célèbre phrase du président Kennedy lors de la crise des missiles de Cuba, alors qu’elle est en fait à 94 milles.

Nous allons passer près d’une semaine sur cette petite ile, non pas que nous soyons enchantés mais le temps est très nuageux,  le vent et même la pluie se font menaçants. Hélas, les jours passent sans que nous trouvions le moindre rayon de soleil. Depuis quelques temps, je ressens une douleur de plus en plus vive au niveau du genou. Si bien que je marche avec beaucoup de difficultés, boitant lorsqu’ il me faut plier le genou droit. Je m’inquiète petit à petit, car je ne me sens plus vraiment capable de conduire. Après avoir contacté le docteur en France, il y a de fortes chances qu’il s agisse d’une lésion du ménisque.

Nous restons parfois dans le camping car lorsque la pluie fait son apparition,  mais hélas nous n’avons pas de liaison internet.  Le moral est au plus bas….. Heureusement les enfants sont compréhensifs et me soutiennent avec toute leur gentillesse, nous faisons quelques parties de jeux de société pour passer le temps. Alors que j’étais sur le point de me faire ausculter chez un médecin, ma mobilité semble revenir peu à peu : je fléchis davantage mon genou.

Je me décide donc à quitter cette ile qui, avouons le, ne restera pas un excellent souvenir.

Le dernier soir, nous nous faisons plaisir avec un petit resto au bord de l’océan, je me régale avec un délicieux poisson accompagné d’une très bonne sauce à l’ananas. Ensuite nous faisons un dernier tour sur Duval Street, la rue déjantée de Key West. On adore cette rue, bien que celle-ci ne soit pas franchement conseillée aux enfants.

Il me faut bien parfois détourner l’attention des enfants en trouvant un quelconque prétexte.  Un gars qui commence un striptease dans un bar, un autre un peu ivre ….. bon n’exagérons pas il n’y a pas que ça non plus !

Les bars s’enchainent les uns après les autres et ont tous un petit truc de sympa : la déco, les couleurs, l animation, les groupes de musiciens…. Les artistes sont vraiment pleins d’imagination dans cette ville.

Les boutiques sont un vrai régal pour celui qui a les poches pleines. On y trouve aussi un grand nombre d’échoppes à cigares, il est vrai que La Havane n’est pas si loin. Alors que nous flânons, nous entrons dans un magasin de musique, attirés par de jolis tableaux représentants quelques idoles des années vintage quand soudain je réalise que se trouve devant moi l’une des guitares d’Elvis.

Un peu plus loin, nous voici devant la celle, un peu plus psychédélique de Jimmy Hendrix, puis celle de The Who et d’Aerosmith .

Mais ce n est pas tout, dans une salle spéciale se trouvent les 4 costumes qui habillaient les Beatles pour la pochette de l’album « Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band ». 

En redescendant les Keys, nous faisons une halte sur l’ile de Pine Key afin de partir à la découvertes des cerfs, daims et biches.  Robin et Elsa sont aussi excités que moi : nous errons donc pendant plus d’une demi journée dans cette ile refuge. Chacun de nous a son propre rôle : l un conduit et regarde devant, l autre regarde à droite et le dernier scrute la  gauche. Au bord de la route, nous apercevons 2 iguanes qui cherchent un petit rayon de soleil.

Puis nous nous arretons dans une réserve protégée ou nous avons la chance d'admirer nos premiers alligators. La maman et son petit (qui n'est pas si petit que ça) se reposent devant le ponton à quelques mètres de nos pied. Ils font la statue, nous restons la à les observer pendant une vingtaine de minutes sans qu ils ne bougent.......

Soudain l'orage gronde et la pluie se fait de plus en plus menace. nous nous précipitons dans le camping car, trempés de la tète aux pieds. Mais cela ne nous empèche pas de reprendre notre chasse aux cerfs. Notre patience est bien récompensée. Les cerfs se déplacent souvent par groupe…. à chaque fois que nous découvrons une petite bande, nous descendons puis nous approchons à pied tout en leur faisant espérer des feuilles assez larges dont ils semblent se régaler. Les enfants eux aussi se régalent….. ils vivent un moment de bonheur à chaque fois qu’ils parviennent à les caresser !

J allais oublier de vous dire qu'il pleuvait, encore une fois..... et cette fois ci les gouttes sont bien épaisses. Le soir nous arrivons sur le parking d'une grande surface afin d' y passer la nuit. Il a tellement plu que le parking est innondé !

Le lendemain, l envie de repartir à la rencontre de ces nouveaux copains est irrésistible. Et l’idée est bonne car nous tombons rapidement sur un male et une femelle qui flânent chez un habitant de l’ile. Les habitants de Pine Key et les cerfs vivent en parfaite harmonie si bien que les animaux n’hésitent pas à leur rendre de petites visites. Bien que cela soit interdit, beaucoup de gens leur réservent une petite portion de mais.  La chance est avec nous : ce sympathique monsieur offre des graines aux enfants pour qu’ils puissent s’approcher des cerfs. Gourmand, le male n’hésite pas à venir manger dans la main des enfants, la femelle quant à elle s’avère un peu plus méfiante …..

Avant de partir, nous discutons un peu avec cet homme qui vient du nord des Etats Unis. Cela fait 3 ans qu’il a quitté l’Etat du Michigan pour s’installer en Floride.  Il nous raconte alors avec allégresse sa vie sur l’ile, une vie paradisiaque selon ses propres mots. Comme de nombreux habitants, il possède un bateau arrimé devant sa maison car l’ile est constituée de petits canaux qui pénètrent dans les terres. Presque tous les matins, notre homme se lève pour partir pêcher sur les cotes de l’ile. Et ce matin la pèche a été particulièrement  bonne…. Après m’avoir demandé si j aime le homard (à vrai dire je n en ai jamais mangé), celui-ci  disparait subitement dans sa maison tout en nous demandant de l’attendre. Quelques minutes plus tard, il apparait de nouveau avec deux bocaux en plastique dans ses mains.

 « Tenez, vous allez pouvoir vous régaler, ce sont quatre queues de homard. Je les ai pêché ce matin même, vous n’avez plus qu’à les cuisiner, elles sont déjà nettoyées…. »

Nous sommes interloqués par la générosité de cet inconnu ! Après de vifs remerciements et de chaleureux adieux, nous reprenons la route, impatients de gouter cette nouvelle saveur.  Les enfants n’arrêtent pas de me poser des questions. « C’est bon le homard ? Tu vas les cuisiner comment ? Pourquoi il nous les a donné le monsieur ? Tu te rends compte, il est gentil… il nous connait même pas, et il nous en a donné quatre ! Combien ça coute un homard ? »

Pour notre dernier jour sur l' archipel, le soleil revit. Nous faisons une halte dans le State Park de Bahia Honda, la plage est réputée pour ses eaux bleues entourées de palmiers. Bizzarement la plage en elle meme est très étroite : une bande de sable d'environ de quatre à cinq mètres de large fait office de terrain de détente et ses occupants sont serrés les uns contre les autres! Finalement, nous jetons notre dévolu un peu plus au nord de l ile ou nous faisons une place parmi les nombreux touristes, mais la plage est tout aussi étroite..... Aussitot leur maillot de bain enfilé, mes petits champions se jettent dans l'eau et partent affronter les vagues avec leur surf ! Je les regarde de loin.... Incapable de nager, je préfère reposer mon genou et me prélasser au soleil.

Le soir, je cuisine les précieux crustacés offerts par notre généreux donateur, avec l'aide  dune recette obtenue par internet. Inutile de vous dire que nous n’en laissons pas une miette. Nous nous endormons, l'estomac bien rompu, parés pour de nouvelles aventures cette fois ci dans les Everglades !